Centre d'exposition Université de Montréal
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L'art à l'UdeM

  1. BERNIER, Christine, À l’échelle 1:6 Parcours d’art public, Centre socio-culturel Gérard-Ouellet, Saint-Jean-Port-Joli, 2006
  2. Ibid.
  3. Entrevue accordée par l’artiste en mars 2010.
  4. Voir le texte La Politique du 1 % dans la section Découvrir.

Au total, 41 œuvres sont présentées dans le cadre du projet Art pour tous. Une vingtaine d’entre elles ont été offertes par des donateurs pour être ensuite placées dans des lieux particuliers. Bien que ces œuvres témoignent avant tout de la production de leurs auteurs, leur installation dans l’espace public a un impact sur le lieu et sur la perception qu’on a de l’œuvre elle-même. Les artistes sont en général ravis que leurs œuvres sortent de l’espace plus marginal des musées et des galeries pour aller à la rencontre des passants. Mais ils sont aussi conscients des questions que soulève cette présence dans l’espace public. Car certains spectateurs sont bousculés dans leur conception du goût et ont la nostalgie des monuments traditionnels. Les artistes y voient, quant à eux, une « opportunité, une situation, qui permet aux spectateurs de l’œuvre de revoir le monde selon de nouvelles perspectives1 ». Le débat porte donc très souvent sur la réception de l’art par les publics. Comme l’écrit encore Christine Bernier, « l’art public doit aider à renouveler les modes d’intervention et d’interaction des citoyens dans l’espace social, puisqu’il est un facteur de résistance à ce que certains appellent la « dérive de l’espace public à l’ère du divertissement2 ».

Dans l’entrevue que l’artiste Pierre Blanchette a accordée dans le cadre de ce projet, il décrit ainsi la fonction de l’œuvre : « Toutes les choses qui nous entourent ont une raison d’être. L’art public, c’est de la gratuité. C’est cela qui me plait. C’est comme une fleur qui pousse toute seule dans un parterre. On peut y être indifférent, mais ce que j’aime c’est la poésie qui se manifeste par ces interventions. On peut la voir ou ne pas la voir cette poésie, mais elle est là3 ».

Des œuvres qui parlent de et à leur société

La collection de l’Université témoigne également du contexte artistique et social existant au moment de la création des œuvres. Par exemple, l’Université a reçu en don les sculptures de Yarwood et de Burla, réalisées pour l’Expo 67 de Montréal. D’autre part, les noms de Gabriel Filion, Marcel Barbeau, de Tonnancour, Connelly sont peut-être méconnus du grand public. Pourtant, ces artistes ont occupé la scène québécoise, notamment dans les débats entourant les manifestes Refus global et Prisme d’yeux. Dans certains cas, la collection compte plus d’une œuvre d’un même artiste, ce qui permet de mieux cerner son travail. C’est le cas de Bonet, de Tonnancour et Granche. Enfin, les peintures de Vilallonga et de Feito témoignent de l’apport d’artistes venus d’ailleurs et qui ont été impliqués dans notre histoire artistique.

Quelques œuvres commémorent un événement ou un personnage historique. Ainsi, la statue d’Édouard Montpetit est associée à l’histoire de l’Université. Le médaillon de Claude Champagne, quant à lui, fait référence à la musique. La peinture murale de Umberto Bruni ou encore la murale en céramique de Lauda relatent l’histoire d’une discipline : médecine pour la première et nursing pour la seconde.

D’autres, enfin, ont été réalisées en fonction des bâtiments existants soit à l’occasion de commandes faites par l’Université de Montréal ou dans le cadre du Programme d’intégration des œuvres à l’architecture et à l’environnement4. Ce programme permet aux artistes d’intervenir de manière permanente dans l’espace urbain et d’être en lien avec l’environnement, qu’il soit bâti ou naturel. Ces œuvres sont plus que des sculptures ou des peintures occupant une fonction signalétique dans un lieu public. Elles renvoient à la démarche artistique et thématique de l’artiste et reflètent la diversité des expressions actuelles en art contemporain. Les artistes y voient aussi souvent l’occasion d’expérimenter d’autres médiums qui sont autant de défis stimulants à relever.

Le projet Art pour tous propose des clés pour apprivoiser et décoder des œuvres qui semblent parfois lointaines et indéchiffrables.

Protéger un patrimoine

La sauvegarde des œuvres publiques est un enjeu important pour les gestionnaires de ce type de collection. Il faut bien entendu voir à leur conservation, mais il faut aussi trouver des astuces pour permettre des modifications aux bâtiments existants tout en préservant l’intention de l’artiste. Ce fut le cas pour les œuvres de Jacques de Tonnancour dans des pavillons qui ne cessent de se transformer afin de répondre aux besoins des usagers. La vigilance et une collaboration entre plusieurs partenaires sont primordiales. La participation de la Direction des immeubles au projet Art pour tous a été essentielle et témoigne de l’intérêt de l’Université dans la conservation de son patrimoine artistique.

Qu’elles soient en pierre, en bronze, en céramique, sculptures ou peintures, ces œuvres que l’on côtoie trop souvent sans les voir méritent que l’on s’y attarde.

Andrée Lemieux, conservatrice invitée

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