Dans son bilan 2004-2007, le Service de l’intégration des arts à l’architecture du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, présente son programme1. Nous en reproduisons des extraits, avec son aimable autorisation.
De façon traditionnelle, l’art public est défini comme un art qui englobe les œuvres d’art à caractère permanent, souvent de grande dimension, commandées par une institution publique, parfois par le privé, et installées dans un espace accessible à la population dans un but de commémoration, d’embellissement d’un parc ou d’une place ou encore d'intégration à l'architecture ou à l’environnement de bâtiments et de sites à vocation publique. Ces œuvres sont fréquemment installées à l’extérieur des bâtiments, mais elles peuvent aussi l’être à l’intérieur.
Des œuvres d’art à caractère temporaire ou éphémère sont également présentées sur la place publique dans le contexte de manifestations ou d’événements artistiques qui sont le plus souvent l’initiative d’organismes culturels ou d’artistes à titre individuel.
Ainsi, dans l’art public, c’est l’œuvre qui va à la rencontre de la population dans des lieux non voués à la diffusion des arts visuels. Une personne n’est pas toujours dans un état favorable à ce type de rencontre au moment fortuit où celle-ci se produit, ce qui est différent lorsqu’un individu décide de consacrer du temps à aller voir une exposition, se déplace pour ce faire et paie même parfois un billet d’entrée. De plus, comme le mentionnait Christine Bernier dans le document d’accompagnement de « À l’échelle 1:6 Parcours d’art public », exposition qui a eu lieu à Saint-Jean-Port-Joli en 2005, les œuvres d’art public ne bénéficient pas du contexte de présentation institutionnel d’un musée qui crée un « effet d’œuvre » plus favorable à la réception de l’œuvre. Le fait également que l’œuvre d’art public a été payée par des fonds publics la rend plus vulnérable à la critique populaire. D’où l’importance de la médiation de l’art public, de la sensibilisation de la population par la diffusion afin que les œuvres soient mieux appréciées par les personnes auxquelles elles sont destinées.
Il convient de souligner tout particulièrement le travail effectué en ce sens par le Centre de documentation en art contemporain Artexte qui a amorcé à la fin des années 90, le projet Art public ayant pour objet la création d’une base de données documentaire en art public – sans toutefois réaliser un constat in situ des œuvres – consultable sur le Web. Il faut également mentionner le lancement, en 2002, d’une chronique trimestrielle sur l’art public dans le magazine Espace de Montréal, ainsi que le travail de pionnier de la revue semestrielle Galerie Répertoire des galeries d’art de Québec, distribuée gratuitement, qui présente depuis quinze ans une rubrique sur les œuvres d’art public nouvellement installées dans la région de la Capitale-Nationale.
Dès 1961, le Québec a adopté une mesure gouvernementale consistant à réserver un certain pourcentage du budget de construction d’un bâtiment public à la réalisation d’œuvres d’art précisément conçues pour celui-ci, c’est-à-dire qui tiennent compte de son architecture, de ses espaces intérieurs ou de son environnement, de la vocation des lieux et du type d’usagers.
C’est en 1981 que le ministère des Affaires culturelles devient officiellement responsable de l’application de la Politique, qui relevait auparavant du ministère des Travaux publics et de l’Approvisionnement.
Bien que ses modalités de gestion aient évolué au fil des ans, les objectifs fondamentaux de la Politique sont restés les mêmes :
Sont actuellement assujettis à la Politique tous les projets de construction de plus de 150 000 $ entrepris par le gouvernement, ses ministères et organismes, ainsi que par les personnes ou autres organismes subventionnés par l’État pour des projets d’immobilisation. On entend par « projet de construction d’un bâtiment ou d’un site » sa construction proprement dite, son agrandissement et sa restauration, de même que son réaménagement et sa réparation, lorsque cela demande une modification de sa vocation. Par ailleurs, est considéré comme bâtiment ou site public :
De 1961 à 2007, près de 2 600 œuvres d’art sont nées dans ce contexte. Elles représentent aujourd’hui une part importante du patrimoine artistique, et ce, sur tout le territoire du Québec, y compris dans le Grand-Nord. On trouve à l’heure actuelle des œuvres d’intégration dans tous les types d’établissements d’enseignement, les centres hospitaliers ou de services communautaires, les édifices gouvernementaux, les équipements culturels, etc.
Répartition par tranche budgétaire |
Projets | Budget | Coût moyen par projet |
Budget annuel |
---|---|---|---|---|
Moins de 6 999 $ (acquisition) | 11 | 56 876 $ | 5 170 $ | 2 % |
De 6 000 à 39 999 $ | 38 | 720 931 $ | 18 971 $ | 25 % |
De 40 000 à 92 499 $ | 17 | 1 038 166 $ | 61 068 $ | 37 % |
Plus de 92 500 $ | 7 | 1 014 462 $ | 144 923 $ | 36 % |
Total | 73 | 2 830 435 $ | 38 773 $ | 100 % |
Construire un bâtiment ou un site public, c’est d’abord créer un milieu de formation, de soin, de travail, de loisir, de culture ou de passage. À la vocation particulière du lieu, à son architecture, à la visibilité recherchée et aux nombreuses autres contraintes (sécurité, pérennité, etc.) à considérer, s’ajoute le contexte social quand vient le temps pour les comités d’adopter un programme d’intégration, soit d’établir la nature de l’œuvre qui sera réalisée et de décider de son emplacement. La répartition par nature des œuvres s’avère en cela un bon indicateur des pratiques artistiques actuelles mais aussi des tendances inhérentes à cet art de commande qu’est l’art d’intégration.
La sculpture occupe toujours la première place dans la répartition selon la nature des œuvres avec 48 % des 73 propositions acceptées en 2004-2005, soit un écart à la hausse de 3 % par rapport à l’ensemble des œuvres inventoriées.
La peinture correspond à 18 % des commandes, ce qui fait un écart à la hausse de 2 % comparativement à la moyenne générale. Le pourcentage de 10 % alloué à la photographie, bien qu’il soit le plus bas des trois années englobées dans la publication, est supérieur à la moyenne estimée de 6 %. Mentionnons, par ailleurs, que 25 % des œuvres seront situées à l’extérieur.
Nature des œuvres 2004-2005 | |||
---|---|---|---|
Aménagement | 5 % | ||
Dessin | 3 % | ||
Estampe | 5 % | ||
Fibre/Papier-matière | 0 % | ||
Installation | 4 % | ||
Livre/Album | 0 % | ||
Peinture | 18 % | ||
Photographie | 10 % | ||
Sculpture : | 48 % | ||
Relief (plat, bas ou haut) | 13 % | ||
Sculpture | 30 % | ||
Autre | 5 % | ||
Techniques mixtes | 7 % | ||
Total | 100 % |
© Gouvernement du Québec, 2008