Réalité cosmique |
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Sur un fond coloré en petites touches de couleur, deux objets hydrides flottent dans un paysage quasi lunaire ou à tout le moins désertique. Une route semble traverser un désert brun rouge en direction de l’horizon. La route, le ciel et le nuage sombre sont aussi de petites taches polychromes donnant du relief.
À gauche, un bassin antique en marbre, surmonté d’un portrait de femme peint entouré d’un cadre. Ce cadre est fait de coupures de papier journal, le bassin, lui, de fragments d’images de cathédrale gothique collés à l’envers avec des ajouts de peinture à l’huile. À droite, un objet flottant composé d’images de magazines et de photos avec, de nouveau, des ajouts de peinture.
L’artiste combine peinture à l’huile et papiers collés sur de grands panneaux en masonite. Il divise schématiquement le fond en deux zones, un plan pour le sol et un autre pour le ciel.
L’ensemble suggère un univers onirique et énigmatique représentatif du travail de l’artiste.
Cette toile immense a d’abord servi pour une représentation théâtrale donnée par les étudiants en espagnol de l’Université de Montréal dans les années 1960. Vilallonga y enseignait alors l’espagnol et réalisait aussi des décors pour les spectacles des étudiants.
La toile est représentative de la démarche picturale de l’artiste et mérite d’être considérée comme une œuvre à part entière. Sur un fond quasi abstrait, on trouve des éléments iconographiques qui seront chers à l’artiste tout au long de sa carrière. Pensons à la présence féminine et aux objets surréalistes représentés dans un univers onirique et énigmatique. Les scènes sont allégoriques ou symboliques.
Dans une entrevue, Vilallonga explique son approche :
« Je suis incapable d’avoir la moindre inspiration devant une toile blanche. Je la couvre de toutes sortes de couleurs appliquées au pinceau, à la spatule ou au couteau. Je les projette d’en haut ou je les laisse couler. Parfois j’y colle des bouts de tissus que j’ai coloriés à l’avance. Lorsque la toile est entièrement couverte de ces stries, taches, coulures, collages, je l’étudie attentivement et de la forme, de la couleur ou du mariage de plusieurs couleurs, naîtra l’inspiration ».
Si on lui demande dans quelle discipline il exerce son art, Vilallonga répond : « La mienne ! ». Puis, il finit par énumérer les différentes techniques qu’il pratique : détrempe à l’œuf, mosaïque, acrylique, vitrail, peinture et sculpture.
« J’ai fait de l’abstraction mais uniquement à titre de recherche, je ne m’exprime vraiment que par le figuratif. Je suis parti du cubisme pour la construction, la composition de mes tableaux. Mais le cubisme c’est trop froid pour moi », explique-t-il.
L’approche esthétique de Vilallonga se base sur le symbolisme et la juxtaposition d’images fantastiques, ce qui le rapproche du mouvement surréaliste. Comme il le dit lui-même, il peint non pas ce que l’on voit mais ce que l’on ne veut pas voir. Vilallonga crée un monde optimiste qui peut être considéré comme un refuge de la laideur pour la société.