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Cette sculpture monumentale se voit de loin. Les trois colonnes en béton, dont la plus haute mesure huit mètres, sont posées sur un socle cannelé. Des rainures sur ces cylindres donnent l’impression de rondelles déposées les unes sur les autres. Les seuls ornements sont les flèches qui, reliées aux trois colonnes, forment des arches équilibrant ainsi la structure. D’autres pointent vers les points cardinaux démontrant le lien de l’œuvre avec son emplacement à un carrefour. L’artiste, qui aime travailler avec la matière brute, démontre ici sa maîtrise pour la sculpture de grandes dimensions.
Roussil se qualifie de créateur généreux : il réalise de nombreuses maquettes préalablement à l’exécution de ses œuvres. Pour élaborer ses grands projets, il cherche à partir de médiums tels la gravure, la céramique, le dessin et la sculpture sur bois.
Quelques années avant, l’artiste a réalisé de grandes sculptures modulaires en bois, un matériau qu’il maîtrise. Dans le cas de cette œuvre, il veut transposer cette approche en utilisant du béton. Il cherche à l’alléger en tenant compte de ses qualités intrinsèques et veut trouver un équilibre entre la densité du béton et la souplesse des lignes.
Sans titre amorce une série qui se poursuit avec l’Hommage à René Levesque dans le parc du même nom à Lachine (1988). Cette œuvre est constituée de neuf flambeaux jaillissants de socles cylindriques éclairés de l’intérieur. En 1990, Ville Saint-Laurent organise un symposium au cours duquel Roussil réalise un autre ensemble non titré dont la forme tient à la fois de Hommage à René Levesque par ses couronnes, et de l’ensemble de l’Université de Montréal par son réseau d’attaches et sa configuration au sol.
Roussil est épris de paix et de liberté. Dans les années 1950, ses œuvres entrent sur la place publique par la voie des scandales et des procès. Grâce à des pionniers comme lui et Armand Vaillancourt, les années 1960 s’amorcent avec la revalorisation de la création artistique acceptée maintenant par l’ensemble de la société et non pas seulement par l’individu. Un nouvel espace s’ouvre au travail de ces artistes : les symposiums et la place publique. La sculpture prend de grandes dimensions et adopte des matériaux populaires : le bois, le fer, le béton.
Gaston Miron a dit de Roussil :
« En vingt ans, Roussil a réussi, en dépit de tout et de la réaction, à imposer son art et ses œuvres et une certaine idée de la dignité de l’artiste dans un milieu où la condition de celui-ci tenait du mépris et du marginal ».