Totem de mousse |
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Emplacement Accessibilité |
© Succession Micheline Beauchemin / SODRAC (Montréal) 2010 Durée de la vidéo : 48s |
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L’artiste utilise ici le tissage par bande sur un métier portatif, une technique apprise en Amérique du Sud, et le « boutonné », une technique québécoise qui consiste à relever le fil de trame pour créer des motifs.
Les variations des textures des laines cardées ou filées, le dégradé des couleurs, du brun terre au beige clair en passant par des verts, évoquent la nature. Les bandes assemblées sont rattachées à une structure horizontale. Végétale par ses couleurs et ses textures, architecturale dans sa structure, cette œuvre invite à laisser libre cours à son imagination et à s’y perdre, comme dans une forêt.
La pièce est tissée sur deux épaisseurs : un fond plus uniforme et monochrome sous-tend la pièce faite d’éléments de surface. Quatre bandes sont disposées de chaque côté des lanières centrales et à la double colonnade de la partie supérieure qui laisse entrevoir le mur. Les loupes dans les bandes tissées, attachées à la toile de fond, donnent du volume à la pièce.
Lors de son long voyage en Amérique latine, Micheline Beauchemin se rend dans les hauts plateaux des Andes rencontrer les Indiens, dont les Quechouas et les Aymaras. Ceux-ci ont mis au point des techniques de filage et de tissage complexes en se servant d’un métier portatif étroit, formant des bandelettes. L’artiste y découvre les laines d’animaux, dont le lama, l’alpaga, la vigogne, qui la séduisent.
« Ma joie est de travailler avec des matériaux que je considère assez précieux, que ce soit les fils métalliques que j’emploie pour traduire cette lumière de givre et de glace, que ce soit les lins qui me viennent d’Australie, avec lesquels j’aime tant travailler à cause de cette grande luminosité ou, dernièrement, depuis mon séjour en Amérique du Sud, des laines d’alpaga si douces et de tons naturels si riches. C’est peut-être le seul luxe que je m’offre. » (1974)
De cette expérience naît la série Totems, des œuvres constituées d’un assemblage de bandes tissées. Ces œuvres, dont la structure de base est semblable, se distinguent entre elles, par le format, les couleurs et les laines employés.
Comme l’indique le critique René Viau dans la revue Vie des arts de l’hiver 2010 :
« Ses créations se situent entre ce que l’on nomme souvent les arts de la fibre, la sculpture, l’œuvre intégrée à l’architecture et l’art monumental ».
Micheline Beauchemin a redéfini le vocabulaire de l’art textile au Québec. Elle a transformé les techniques traditionnelles en un art sophistiqué, intégrant architecture, ingénierie et arts décoratifs. Avec ses tapisseries, elle explore à la fois un art mural ainsi que des œuvres tridimensionnelles. Les textiles permettent à l’artiste de travailler la texture. La lumière est aussi devenue la matière même de son travail et de ses recherches. Utilisant la flexibilité du fil et des matériaux reflétant la lumière, plusieurs œuvres changent ainsi de tons selon la luminosité du jour et de la nuit.